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SMIG et SMAG: un tournant décisif dès janvier 2025.
Le Maroc s’apprête à franchir une nouvelle étape en matière de salaires minimums. Dès janvier 2025, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) dépassera pour la première fois les 3 000 dirhams, suite à une revalorisation de 5 % prévue dans l’accord social conclu en 2024. Cette décision, qui concerne aussi le Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG), suscite autant d’espoirs que d’interrogations au sein du tissu économique et social.
Premier palier à plus de 3 000 dirhams
La principale nouveauté réside dans le relèvement du SMIG brut à 3 111,39 dirhams mensuels, marquant une hausse de 5 %. Ce premier palier aura lieu le 1er janvier 2025 et devrait rapidement conduire à une augmentation totale de 10 %, conformément aux engagements pris dans le cadre du dialogue social. Pour les travailleurs des secteurs de l’industrie, du commerce et des professions libérales, cette avancée symbolique est perçue comme un signe positif, même si certains syndicats jugent la mesure insuffisante. L’Union Marocaine du Travail (UMT) milite notamment pour un SMIG plus ambitieux, fixé à 5 000 dirhams.
Alignement progressif du SMAG
Le secteur agricole n’est pas en reste: dès avril 2025, le SMAG progressera de 2 303,03 dirhams à 2 418,23 dirhams, avant d’atteindre un second palier en 2026. L’objectif affiché est d’harmoniser, à terme, les rémunérations minimales dans l’ensemble des secteurs économiques. Cette démarche constitue une réponse à la demande de longue date des syndicats agricoles, qui plaident pour davantage de reconnaissance du travail dans les zones rurales.
Des répercussions financières pour les entreprises
Si ces augmentations se veulent un levier pour l’amélioration du pouvoir d’achat et la valorisation des ressources humaines, elles engendreront également un surcoût pour les employeurs. Les projections indiquent un coût supplémentaire de près de 3 955,96 dirhams par salarié et par an, principalement en raison de l’augmentation des charges sociales (de 865,90 à 909,19 dirhams mensuels). Dans certains secteurs déjà fragilisés par des dettes sociales et fiscales, comme le textile ou l’agroalimentaire, cette charge additionnelle pourrait peser lourd sur la compétitivité et la pérennité des entreprises.
Un effort budgétaire gouvernemental
Le gouvernement, représenté par le porte-parole Mustapha Baitas, soutient que cette revalorisation découle d’une volonté de renforcer le pouvoir d’achat et de revaloriser le capital humain. Un budget de 45 milliards de dirhams sera ainsi mobilisé pour accompagner cette dynamique salariale d’ici 2026. Malgré ces mesures d’appui, certains experts craignent une réduction des effectifs dans les entreprises les plus vulnérables, qui peinent déjà à supporter leurs charges actuelles.
Entre justice sociale et compétitivité économique
L’augmentation simultanée du SMIG et du SMAG s’inscrit dans une démarche plus large de dialogue social visant à réduire les disparités entre les secteurs. Elle répond à une demande de longue date des organisations syndicales et constitue une avancée majeure en faveur de la justice sociale. Toutefois, son succès dépendra de la capacité des différents acteurs – gouvernement, employeurs et syndicats – à trouver un équilibre entre l’amélioration des conditions de vie des salariés et la préservation de la compétitivité du tissu économique marocain.